un musée dans la caverne

un musée dans la caverne

Arrête-moi si tu peux : un authentique film sur la vie d’un faussaire.


 Sur les traces de son père, Frank Abagnale Jr. décide de prendre en main son destin pour le rendre tout simplement imprévisible…Confronté au divorce de ses parents et au devoir de choisir entre un père qui trompe le monde et une mère qui trompe son mari, il commencera dès lors sa fuite vers l’ailleurs. Personnage impulsif, il décide d’interviewer un Stewart pour en devenir un lui-même, ou tout du moins, en apparence. La falsification va alors devenir son véritable métier, sous couvert d’exercer des métiers respectables. Il écrit régulièrement à son père qu’il considère comme un maître dans l’art de la fraude. Poursuivi par le fisc, son père est désormais contraint de mener une vie rangée. Mais Frank ne veut pas y croire : son père qu’il admirait tant pour avoir conquis le cœur de sa mère, jeune danseuse française convoitée de tous, et pour s’être imposé dans le monde de l’industrie, ne peut se résigner à vivre simplement. Il fera alors tout pour regagner les richesses perdues ; mais ces richesses sont-elles seulement d’or et d’argent ? Il s’appropriera les tours de passe-passe de son père et signera ses chèques sous le nom de Barry Allen, alias Flash, ce héros si rapide qu’il en devient insaisissable. De là, il changera sans cesse d’identité, à défaut de trouver la sienne : Stewart, médecin, avocat, Frank explore tous les métiers qui lui permettent par le truchement de l’imagination, d’entretenir autrui dans l’illusion de son art. C’est bel et bien grâce à un simple bonnet carré que Franck réussit à se faire passer pour un Stewart ; autrement dit, un déguisement suffit à tromper le monde sur le savoir présupposé que l’on détient. Si l’on ne peut s’établir par la force, faisons-le par la grimace : Pascal n’est pas loin.

Frank poursuit ce jeu des apparences avec toujours plus d’aplomb en se nourrissant d’images de films afin de se glisser au mieux dans la peau des « personnages » qu’il entend incarner. 

Mais voilà, le jeu a ses limites, et même Frank finit par se lasser de cette fuite perpétuelle, se livrant à nu par téléphone le soir de noël au détective qui le recherche. « Arrêtez de me poursuivre ! », cette réplique sonne comme une supplication. Frank veut arrêter la partie, mais la mise est trop grande pour que le jeu se termine ainsi. Carl Handratti, le fameux détective, tente de venir le cueillir le soir de son mariage. Frank prend la fuite et donne rendez-vous à sa femme à l’aéroport de Miami. Le jour J, Frank l’aperçoit au loin avec un air peu assuré et flaire la supercherie : toute l’équipe du FBI s’est mobilisée pour l’attraper. Le lendemain, il s’enfuit par l’aéroport de Miami en utilisant un subterfuge désormais familier, celui du pilote de l’air entouré de ses huit hôtesses : il s’envole une fois de plus ! 

De retour au présent, on le voit dans un avion sous la surveillance de Carl Handratti. Celui-ci lui apprend que son père est mort. Frank prend la fuite par les toilettes de l’avion. Il se fait de nouveau attraper le soir de noël devant la maison de sa mère, en compagnie de son nouveau mari et de sa fille. La vie rêvée de Frank se trouve de l’autre côté de la fenêtre… 

Quelques années plus tard, le directeur de Carl propose à Frank de purger le restant de sa peine à travailler pour la répression des fraudes. Il accepte. Il essaiera de fuir une dernière fois, en vain : « C’est plus facile de vivre dans le mensonge » lui confie Carl, mais rien ne vaut une vie authentique, ajouterais-je et c’est précisément cette réflexion qui fera fléchir Frank : lorsqu’il observe en spectateur silencieux ses parents en train de danser comme au premier soir de leur rencontre, ou encore, les parents de sa fiancée complices, en train de faire la vaisselle, son visage trahit l’envie de goûter à ce bonheur au moins une fois dans sa vie. Cette vie bâtie sur le mensonge ne lui aura apporté que des billets, de banque ou d’avion, et bien sûr, la jouissance de vivre en fugitif, une jouissance semble-t-il bien éphémère en comparaison de la joie que procure une relation de confiance. Et ce lien, il le recherchera tout au long du film, que ce soit avec son père ou avec Carl. On ne peut pas tirer une morale de cette histoire – ce n’est d’ailleurs par le but – mais seulement une expérience de vie : à force de vivre comme l’ombre de lui-même, Frank finit par passer à côté de sa propre vie. Il ne parviendra à se forger sa propre identité, qu’après s’être affranchi de ses identités fictives. 

 

Lolita

 

 

Blaise PASCAL, Pensées, Brunschvicg 82, Lafuma 44 : « S’ils avaient la véritable justice et si les médecins avaient le véritable art de guérir, ils n’auraient que faire de bonnets carrés… » Pascal entend ainsi distinguer les métiers dans lesquels un déguisement (la grimace) permet de donner une opinion avantageuse de son art (l’habit fait l’avocat ou le médecin), des métiers dans lesquels la force suffit à s’imposer (les gens de guerre, les rois).



15/07/2012
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