un musée dans la caverne

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Giselle

 

Giselle est une jeune paysanne au coeur fragile qui tombe amoureuse de Loÿs, un jeune homme séduisant dont elle ignore qu'il est noble, fiancé, et qu'il s'est déguisé en villageois pour lui conter fleurette. Le premier acte se déroule entre danses et roucoulades, jusqu'à ce qu'un bucheron éconduit, Hilarion, révèle la supercherie en appelant du cor la cour toute proche : Loÿs doit assumer qu'il est Albrecht et qu'il s'est joué de Giselle. Celle-ci sombre dans la folie et meurt.

Au second acte, Giselle est sortie de la tombe par Myrtha, reine des Willi - des esprits féminins qui se vengent des hommes en les faisant danser jusqu'à la mort. Hilarion, venu pleurer sur la tombe de sa belle, est condamné, puis Albrecht, repentant et désespéré, menace d'être exécuté à son tour. Giselle va alors s'interposer entre la mort et lui, dansant en partie à sa place, l'encourageant, plaidant pour lui, de telle sorte qu'il survit jusqu'à l'aube qui dissipe les maléfices vengeurs de la nuit.

Albrecht est sauvé, Giselle est libérée de l'emprise des Willi et disparait dans la tombe avec les premières lueurs du jour.

 

Le second acte est un exemple de "l'acte blanc" qui caractérise les ballets romantiques - on en trouve un dans Le Lac des cygnes, quand Odette rencontre Siegfried et que les ballerines incarnent les oiseaux, ou dans La Bayadère, quand dans la vision de Solor les ombres des danseuses mortes descendent en procession d'arabesques et nous font basculer dans l'au-delà. Dans Giselle, les Willi portent de longs tutus blancs, flottants, et dansent avec la légèreté et l'aspect désincarné des spectres qu'elles sont.

 

Le premier acte est peut-être un peu loin de notre sensibilité moderne : quelle est naîve, cette jeune fille, délicieusement fraîche et capable de mourir d'amour à la première trahison venue. Albrecht est plus ambigu : s'amuse-t-il seulement, veut-il croire qu'il peut rêver, se laisse-t-il prendre par le charme de l'instant en cherchant à oublier que demain viendra et qu'il faut vivre dans le réel ?

Les esprits vengeurs s'opposent ensuite à l'amour qui pardonne : d'un côté la colère, de l'autre la libération, l'amour pur qui se donne sans chercher de retour et qui donne encore même quand l'autre est perdu. Que devient Albrecht, quand l'aube se lève et que les esprits sont tous retournés à la nuit ? Comment recevoir le don d'une vie par celle à qui on l'a prise ? Le ballet ne donne pas de réponses, il le laisse seul sur scène. On pourrait imaginer qu'il va reprendre le cours de sa vie, mais être sauvé par un fantôme doit sans doute changer un homme. Il pourrait devenir fou, devenir autre. Cependant le ballet s'appelle Giselle, et au fond c'est d'abord elle qui est sauvée, sauvée par son amour qui l'arrache à la vengeance et se donne dans le détachement, lui apportant la paix qui lui permet de disparaître.

Hypathie

 

En photographie : Isabelle Guérin



03/09/2012
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