un musée dans la caverne

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Welcome to the voice, Steve Nieve et Muriel Téodori

Il s'agit d'un opéra écrit par Steve Nieve et Muriel Teodori, qui a la particularité de mêler des voix de chanteuses classiques avec celles de chanteurs venus d'autres horizons - comme Sting ou Elvis Costello.

 

L'histoire est celle de Dionysos, un ouvrier métallurgiste qui a découvert l'opéra et est, depuis, habité par la beauté de la voix humaine - en particulier celle de la Chanteuse (d'opéra), dont il est tombé amoureux. Il s'agit donc d'une rencontre improbable qui donnera lieu à un amour qui l'est tout autant : avant de conquérir la Chanteuse, Dionysos est éprouvé par les fantômes de Carmen, de Norma et de Mme Butterfly - mais il choisit l'amour à vie et non l'amour à mort, bien que les conventions et le monde semblent un moment s'interposer entre les amoureux.

 

Cette oeuvre est à la fois un magnifique éloge à la voix, célébrée ici par delà les chapelles, et à la musique, qui apparaît comme le lieu de toutes les réconciliations possibles.

 

Dionysos est un peu un anti-fantôme de l'opéra : alors que le fantôme tombe amoureux d'une chanteuse et cherche à la posséder en l'attirant vers lui, donc en la tirant vers l'ombre et la mort, Dionysos est plein de la joie d'être et de la force d'aimer - aussi son amour fascinera-t-il la chanteuse, qui avant lui est captivée par les parfums - subtils, immatériels, volatiles. 

De façon générale, les voix de femme sont à la fois sublimes et, dans un premier temps, liées à la mort ou à un monde éthéré - comme le parfum, justement - car les héroines invoquées sont des amoureuses tragiques. Les voix d'homme semblent, en contrepoint, représenter une forme d'ancrage : elles sont moins virtuoses, mais plus chaleureuses. Le "duo improbable" fonctionne : les voix d'opéra relaient les autres voix quand elles ne peuvent pas s'élever davantage, mais ces voix invitent celles des chanteuses classiques à sortir de leur paradis inaccessible pour s'incarner dans la vie - et non plus dans le mythe - et se donner à entendre au-delà d'un monde clos qui à la fois les vénère et les enferme.

 

Atypique, cette oeuvre est profondément touchante par son absence de partis-pris et par les heureux - bien  qu'initialement improbables - mariages vocaux qu'elle donne à entendre et à célébrer. Nul besoin d'aimer ou de connaître l'opéra pour se laisser charmer - ce n'est pas un plaisir d'initié - mais à l'inverse celui qui aime l'opéra saura y trouver des échos, des souvenirs, qui ont le charme des lectures qui nous parlent de ce qu'on a déjà aimé.

 

Hypathie

 

Welcome to the voice, chez Deutsche Grammophon.



06/03/2013
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